Cet article questionne la gestion des effets des témoignages de violences sur les chercheur·euse·s en anthropologie. Bien que travaillant dans le cadre d’interactions avec des êtres humains, les anthropologues discutent très peu des conséquences que peuvent provoquer ces rencontres sur leur équilibre mental. Des concepts, tels que le traumatisme vicariant et la fatigue compassionnelle, développés dans la littérature sur le milieu médical et le travail social permettent toutefois de saisir les conséquences de l’exposition aux récits difficiles. En se basant sur ses notes de recherche sur la culture du cacao au Pérou, l’autrice croise son vécu avec celui d’autres chercheur·euse·s. Cet article propose de considérer ces effets déstabilisants de la recherche empirique comme faisant partie intégrante du processus de recherche, quel que soit le thème abordé par la recherche, tout en remettant le bien-être des chercheur·euse·s au centre de la méthodologie.